PAUL & PAUL CARAYON, NÉGOCIANTS EN VINS

DEUX PAUL CARAYON (PÈRE & FILS) ORIGINAIRES DE VABRE DANS LA MONTAGNE DU TARN, ONT ÉTÉ NÉGOCIANTS EN VINS À CARCASSONNE.

EN 1899, le père né en 1850 commercialise des vins de LIMOUX et du MINERVOIS, pays cathares.  Il fait de la publicité dans les journaux de Province .

  Il s'intéresse aux vins de Limoux où subsiste le souvenir d'une abbaye de Saint-Augustin. Il baptise son vin : Clos de Saint-Augustin et son Minervois: Clos Charlemagne. 

À CARCASSONNE, IL A POUR ADRESSE PROFESSIONNELLE 11 BOULEVARD DU CANAL ET IL EST VOYAGEUR DE COMMERCE. 

 Il est concurrent de P. Castex. C'est ce qu'indique la Revue du Touring Club de France dont il fait partie aussi en 1904. Il développe son activité et constitue son réseau de vente en recrutant. 

 Il passe des annonces dans la presse pour démultiplier son impact commercial. Il semble qu'à partir de cette époque il fait entrer son fils Paul dans son entreprise.

Son fils Charles CARAYON, quant à lui, termine ses études de théologie en vue de devenir pasteur.

Il soutient sa thèse et la publie en 1904 (ceux qui écrivent 1884 font une erreur). L'Inquisition à Carcassonne au XIIIe et au XIVe siècles. Fait rarissime sa thèse de théologie fut rééditée par l'Éditeur LACOUR en 1997, presque cent ans plus tard, preuve de son intérêt tout au long du XXe siècle.

 L'historien Charles Guignebert le critiquera sur le fait qu'il considérait les cathares comme une branche du christianisme et non comme une hérésie. Mais de plus en plus d'historiens aujourd'hui ont abandonné la position défendue par Guignebert. Celui-ci néanmoins considère son oeuvre comme "intéressante et utile". D'abord pasteur à Lacaune dans le Tarn, tout près de Vabre sa ville de naissance, Charles sera par la suite pasteur à Nice.

EN 1904, PAUL CARAYON JEUNE, NÉ EN 1883, fait son service militaire. Il prend ensuite le même métier que son père. Mais change d'adresse professionnelle. Le siège de l'entreprise de son père se trouvait 11 Boulevard du Canal à Carcassonne. Il le transfère quatre maisons plus loin au 19 Boulevard du Canal (aujourd'hui, boulevard de Varsovie). 

 Tout à fait à gauche le siège de l'activité du père au 11, tout à fait à droite, au 19, le siège de l'activité du fils. 

Une photo de 1917 montre Paul CARAYON jeune avec ses parents Juliette et Paul CARAYON père. Le père est au soir de sa vie puisqu'il est décédé en aout 1919.

Les CARAYON senior habitaient Carcassonne au 3 allée d'Iéna. Il s'agit de la maison à un étage avec une porte de garage, dont l'entrée se trouve proche d'un platane. 

Paul jeune établit des partenariats, notamment avec Marcel GOULARD, un transitaire de Bordeaux.

Le 19 avril 1911, Paul jeune se marie à Baron, avec Marie-Caroline BONIOL, héritière des EVESQUE de Fontcouverte. Il installe sa famille rue Massena à Carcassonne, Villa des Jasmins. C'est là que naîtront Yvette et Suzy en 1912 et 1915, Paul et Mireille en 1919 et 1922. (Renée est née à Baron en 1917 et Geneviève à Nîmes en 1925). Lors de la première guerre mondiale il laissera sa petite famille pour servir son pays aux Dardanelles en 1915-1916 dans les services de l'infirmerie militaire. Il y fera la connaissance du Général d'Amade, propriétaire d'un cru du Bordelais, le Chateau Pontus; il se lieront d'amitié malgré la différence de grade.

Paul a eu deux frères, Charles et Jules; il est le plus jeune. Charles est devenu pasteur. Paul avait assisté à son mariage à Marseille avec Lucie Bruguière,originaire d'Alés, en février 1907. Il est l'un de ses témoins. Jules est mort célibataire à 20 ans.

Après la guerre Paul Carayon va transformer Fontcouverte et transférer sa maison de vins depuis Carcassonne jusqu'à Nîmes. Fontcouverte prend un coup de jeune. Paul devient maire de Baron et anime la vie culturelle de la région d'Aigaliers, Foissac, Baron en créant des fêtes dans lesquelles s'investit la jeunesse locale. Il a le sens de l'événementiel.

Après une transaction contestée par un viticulteur dont il avait négocié l'achat de sa production, il va être traduit en justice. Mais il va faire appel et le tribunal de Montpellier en 1932 lui donnera raison, ce qui fera jurisprudence pour ce genre de transactions, pour lesquelles la loi prévoit un agréage.

Il fait la publicité de ses vins dans l'Album des vins de France, édité en 1939 en sélectionnant cinq photos de Fontcouverte et 3 photos des vignes.

 

Sur la photo de droite apparaît le village de Bézuc (ou Bezut) tel qu'il était en 1939. Paul Carayon met en valeur les vignes et vins de Fontcouverte, mais son rayon d'action est beaucoup plus large. Il a ses bureaux et son laboratoire oenologique à Nîmes, rue Monjardin. Sa fille Suzy s'est formée à l'oenologie, elle réalise les analyses des vins achètés aux vignerons et prépare les assemblages. PC choisit aussi de mettre en valeur les vins méconnus des Cévennes. Il avait déja une certaine notoriété et reçut la croix de Chevalier du Mérite agricole en 1927 comme viticulteur à Baron (JO du 17 fevrier).

 

Puis revient la guerre... La seconde guerre mondiale rend ses affaires plus difficiles. 

Une accusation infondée et anonyme de prétendues transactions illégales le conduit en prison. Il sera en conséquence destitué de ses fonctions de maire de Baron par décision du gouvernement de Vichy parue au Journal Officiel du 22 mai 1943. Il restera détenu  par le régime de "l'État français" et de l'occupant nazi pendant huit mois, d'abord à la prison de Nîmes, puis transféré en attente de jugement, dans la glaciale citadelle de Sisteron. C'est grâce à l'intervention courageuse de l'un de ses gendres qu'il pourra être disculpé et libéré. Il a été très déçu d'apprendre qu'un de ses enfants s'était marié en septembre 1943 pendant sa détention. Il est revenu à Fontcouverte fatigué et malade à sa sortie de prison, mais heureux de retrouver ceux qu'il aimait.

Ses dons artistique le conduisaient à organiser des représentations théatrales lors de kermesses, à chanter en famille en s'accompagnant à la guitare. Son père s'exprimait plutôt par la peinture, il réalisait de petits tablotins peints à l'huile sur support en bois, au revers d'une boîte à cigares. Il a peint aussi "L'embrasement de la Cité de Carcassonne"

 Sa peinture n'a rien à envier à une carte postale du photographe-éditeur Roudière 

 Le sens des affaires de Carayon-jeune et un héritage du côté de ses cousines Houlès l'avaient conduit à ajouter à l'immeuble de Nîmes et à la propriété de Fontcouverte: une grande maison et une métairie à Vabre, deux autres maisons à Nîmes: rue Briçonnet et rue de Bouillargues ainsi qu'une villa toute blanche, au milieu des Palmiers, à Agay, baie des corailleurs, au bord de la Méditerranée. 

 La villa "Les Palmiers" est à gauche, la maison du milieu située à l'entrée du parc est celle du gardien, un réfugié espagnol opposant au franquisme; en haut à droite la villa de Pointe longue.

Paul CARAYON est décédé à Fontcouverte le 31 mai 1951